lundi 30 septembre 2019

Le nécessaire débat souverain sur l’accord d’Alger pour une paix réelle.

Devant l’échec patent de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, version 2015, à ramener la paix et la sécurité au Mali, malgré la présence de milliers de soldats étrangers et les sommes astronomiques investies dans la guerre au Mali : réclamons un débat souverain sur cet accord pour trouver les solutions pérennes.


Depuis 2012, de Kayes à Kidal, le Mali souffre, et avec lui le Sahel, chaque jour un peu plus, des conséquences de la rébellion menée par une minorité de Touareg. Rébellion qui a permis aux terroristes et  aux narcotrafiquants de s’installer durablement dans le nord du Mali, avec la complicité établie des rebelles.

Les Touareg, qui représentent environ 2% de la population malienne et entre 20 et 25% de la population du Nord du Mali, ont pris les armes pour revendiquer l'indépendance des 2/3 du territoire malien, au prétexte que le nord du Mali serait un territoire touareg devant leur revenir en exclusivité. 

Fin du mythe du nord du Mali territoire touareg, qui a justifié les velléités indépendantistes du MNLA.

En 2012, le MNLA a justifié la rébellion comme étant celle d’une communauté touareg majoritaire dans le nord du Mali, particulièrement brimée par le pouvoir central malien. Le 29 janvier 2018, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) indépendantiste reconnaît à travers Moussa Ag Assarid, un de ses membres les plus virulents du MNLA, que « le Nord [du Mali] ou l’Azawad n’est pas habité que par des Touareg ». Cette déclaration met définitivement fin au mensonge que le MNLA a copieusement servi à l’extérieur du Mali pour justifier sa rébellion. Elle anéantit également le mythe d’un nord touareg blanc que la communauté internationale et ses media ont complaisamment relayé auprès de leurs opinions publiques pour justifier leur soutien appuyé aux rebelles, au mépris du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation et adopté par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) le 21 juillet 1964.

10 avril 2017 – Kidal: les rebelles de la CMA fêtent le 5ème anniversaire de l’indépendance de l’AzawadAu cours d’un défilé civil qui s’ensuivit, on aperçoit clairement des enfants marcher sur le drapeau du Mali. A la suite des enfants, les militaires ont défilé aux cris de « A bas le Mali, vive l’Azawad! ».

L’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger contient les germes de la partition du Mali.

En revanche, sur la question de l’indépendance de l’Azawad, Moussa Ag Assarid n’a pas été aussi catégorique quand il a déclaré que la solution politique de résolution du conflit passait par « une vraie autonomie, voire un fédéralisme ». André Bourgeot a aussitôt réagi à ses déclarations en précisant que « Le MNLA est signataire des accords de paix [qui] ne prévoient [pas de] fédéralisme ... A l’origine, il [Moussa Ag Assarid] a légitimé dès 2012, la nécessité de l’indépendance du nord du Mali, de l’Azawad, en disant que l’Azawad était un territoire touareg qui était sous le joug de la colonie du Mali…Dire que le nord du Mali est touareg, c'est pour moi un scandale. Ils sont ultra minoritaires... Ce qui est important, c’est que ce MNLA qui est une des composantes de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), continue sa propagande pour l’indépendance de l’Azawad. Donc, il y a quand même une contradiction énorme ». Il est évident que le MNLA, malgré la signature de l'accord, n'a pas renoncé à ses revendications séparatistes. 
Nombre de Maliens reprochent à cet accord, qui, rappelons-le, n'a ni été soumis au peuple, ni ratifié par l'Assemblée Nationale du Mali, d'être anticonstitutionnel et de contenir les germes de la partition du Mali, à travers le concept de régionalisation poussée (articles 6 et 8 de de l’accord d’Alger). Régionalisation que tente d'imposer l'Union Européenne aux pays Européens. Dans un article d'Edith Lhomel paru en juin 2016, nous apprenons que l'union européenne conditionne l’obtention de subventions à la création de régions (cela n’a pas empêché le Portugal de souhaiter conserver une gestion centralisée, en votant non par référendum), qu'elle est soupçonnée d’opérer à travers la régionalisation une sorte de « stratégie de contournement de l’Etat ».
La démocratie à l’occidentale et ses institutions ont été imposées telles quelles au Mali, sans tenir compte de ses réalités, brandies, en échange d'octroi d’aides largement détournées par les gouvernants successifs. Elles ont montré leur incapacité à installer une véritable démocratie au Mali. Un Sénat et une régionalisation contenant explicitement les germes de démantèlement du Mali ne peuvent constituer des solutions viables. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est impératif que les Maliens troyvent eux-mêmes les solutions appropriées, sous peine de balkanisation au bénéfice des intérêts opposés à ceux du Mali.


                          
Intervention de Sidi Elmedi Ag Albaka, Touareg opposé à la partition du Mali.       
                      Conférence d'entente nationale, Bamako du 27 mars au 02 avril 2017.

Kidal, sanctuaire des mouvements toujours armés, des terroristes et narcotrafiquants, menace les pays du Sahel.

En 2015, sous la pression de la « Communauté internationale », l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger est signé entre le gouvernement malien et les groupes armés rebelles composés de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad regroupant des différents groupes armés sécessionnistes, terroristes et narcotrafiquants) et de la Plateforme opposée à la partition du Mali. 

En 2012, après avoir bouté les terroristes et narcotrafiquants hors de Tombouctou, la France a installé à Kidal un MNLA défait à Gao par le Mujao. Kidal est devenue depuis une enclave interdite à l’administration civile et à l’armée malienne. En janvier 2019, André Bourgeot déclarait qu’« on ne comprend pas pourquoi Kidal est interdite à l’administration civile et militaire malienne… Pourquoi la communauté internationale, la France, le médiateur algérien n’imposent pas le retour de l’administration civile et militaire à Kidal ?...Pourquoi Kidal est fermée ? » 

En août 2019, le président nigérien Mahamadou Issoufou affirmait que « Kidal est un sanctuaire pour les terroristes, et ceux qui nous attaquent s’y replient souvent. Kidal est une menace pour le Niger et il faut impérativement que l’Etat malien y reprenne ses droits ».

Le 7 septembre 2019, en visite d’amitié et de travail au Mali, il réitérait ses craintes à son homologue malien : « Le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et en plus, nous constatons, avec beaucoup de regrets, qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui ont une position ambigüe et qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui sont de connivence avec les terroristes. Nous ne pouvons plus l’admettre», Avant le Président nigérien, les voix d’autorité militaire française, de missions onusiennes d’enquêtes sur le retard de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, étaient parvenues à la conclusion qu’il existait un système de « vases communicants » entre des signataires de l’accord, des groupes terroristes et des trafiquants de stupéfiants. 

Le 9 septembre 2019, le journaliste Sedik Abba, fin connaisseur des problèmes de la région, confirme les craintes du président Issoufou. « Après le succès de Serval, après l’opération qui a été faite dans les Ifoghas par l’armée française et l’armée tchadienne, les mouvements armés qui étaient dans Kidal n’ont pas été désarmés parce que la France s’y était opposée. Aujourd’hui, on se retrouve à gérer cette situation où on ne sait pas qui est qui dans Kidal, qui fait quoi, qui contrôle Kidal »… 





Malgré l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et la présence des forces étrangères qui engloutissent des milliards de FCFA, la violence et l’insécurité augmentent de façon exponentielle.

2019 : 19 070 soldats pour un budget global de 1 172 697 623,45 Fca (1 787 678,48 Euros, 1 959 646,55 US Dollars). 
                           Chiffres EUTM Mali - Chiffres MINUSMA - Chiffres Barkhane

Une note que le Mali devra payer. 

Souvenons-nous de la réaction de la France quand Haïti a proclamé son indépendance en 1804 après une longue guerre. N’acceptant pas de perdre sa riche colonie, la France contraint Haïti à accepter de payer des indemnités représentant le manque à gagner pour les colons esclavagistes (!!!), en lui imposant un blocus maritime en 1825. En 1838, la dette de l’indépendance fut ramenée à 17 milliards d’euros d’aujourd’hui. Prise à la gorge, Haïti a dû lourdement imposer les paysans et emprunter pour rembourser cette dette. La dette fut remboursée en 1883 mais Haïti a continué à payer les intérêts de la dette jusqu’en 1947. Résultat : de colonie la plus riche du monde, Haïti ne s’est jamais remise de cette étranglement et est devenue l’un des pays les plus pauvres du monde. Une leçon à méditer : les intentions n’ont pas changé, les outils de soumission des pays potentiellement riches mais réellement pauvres sont devenus simplement plus «ouvertement internationaux ».


Pour ne pas sombrer définitivement dans les abîmes de la dette et hypothéquer l’avenir du Mali pour l’éternité, il est impératif de nous sortir nous-mêmes du piège dans lequel nous sommes tombés.

Face aux milliers de soldats présents sur notre territoire, les effectifs des terroristes organisés sous plusieurs bannières (EIGS, GSIM, AQMI…), sont estimés au maximum à 3 000 hommes. Dans cette guerre asymétrique, depuis la signature de l’accord d’Alger en 2015, entre Bamako et les groupes rebelles, les heurts sont plus meurtriers. « Dans tout le Mali, les seuls conflits locaux de 2018 auront quasiment fait autant de victimes que les trois années de guerre : 1 800 morts entre 2012 et 2014, contre 1 754 en 2018 ». « Entre novembre 2018 et mars 2019, 4 700 personnes ont été tuées dans plus de 1 200 incidents, selon l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled). Une hausse de 46 % par rapport à la même période, l’année précédente ! »


26/02/2018  Un nom et un visage pour les 22 soldats français morts au Sahel depuis 2013

Depuis le début de l'année 2013, vingt-deux militaires français sont morts au combat dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane, selon notre décompte réalisé lundi 26 février, après la mort de deux nouveaux soldats au Mali, mercredi 21 février. Une attaque revendiquée par le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GSIM), une organisation islamiste malienne liée à Al-Qaïda.


Avec 201 morts, la mission de l’ONU au Mali, Minusma, est la plus meurtrière. A tel point que l’Assemblée générale de l’ONU, dans sa résolution 73 320 adoptée le 3 juillet 2019, « déplore l’augmentation du nombre de victimes et prie le Secrétaire général de renforcer les mesures visant à assurer la sûreté et la sécurité du personnel de la Mission, notamment du personnel en tenue ». Pendant que la Minusma s’affaire à assurer sa propre sécurité, le centre du pays s’embrase, livré à lui-même et aux bandits armés. En raison de leur inaction, les forces étrangères sont perçues comme une force imposée défendant d’autres intérêts que ceux du Mali. Excédées, les populations civiles manifestent et réclament leur départ.